À la découverte du village artisanal de tuiles “yin yang” à Lang Son, Vietnam
Niché dans une vallée verdoyante au pied du col de Tam Canh, dans la province de Lang Son, ce village attire les visiteurs non seulement par la beauté intacte de ses paysages et ses vestiges anciens, mais aussi par un savoir-faire traditionnel fascinant : la fabrication des tuiles yin yang.
Depuis le pied du col, un petit détour de 50 mètres suffit pour découvrir, de part et d’autre de la route, une succession de petits ateliers où l’on fabrique ces tuiles ancestrales.
À l’intérieur, des milliers de tuiles brutes, soigneusement alignées, attendent leur tour pour entrer dans le four.
Dans les ateliers, chacun s’affaire : certains foulent l’argile avec précision, d’autres découpent et façonnent minutieusement chaque morceau de terre.
Les tuiles yin yang, aussi appelées tuiles canal, sont utilisées depuis des siècles pour couvrir les maisons sur pilotis des ethnies Tay et Nung. Elles sont composées de deux éléments complémentaires - l’un bombé, l’autre creux - qui, une fois superposés, créent une couche d’air naturelle assurant fraîcheur en été et chaleur en hiver.
Pour obtenir des tuiles solides et durables, tout commence par la sélection d’une argile adaptée. Une fois rapportée au village, elle est émiettée pour retirer les cailloux, humidifiée, puis laissée au repos pendant une vingtaine de jours pour atteindre la plasticité idéale. Ce n’est qu’après cette étape qu’elle est foulée puis moulée avec soin.
La couleur finale des tuiles dépend du temps de cuisson et des secrets de famille transmis par chaque four. En moyenne, un four peut cuire jusqu’à dix mille tuiles, soit la quantité nécessaire pour couvrir une maison traditionnelle de trois travées.
Le séchage est également essentiel : il demande entre 30 et 50 jours pour que chaque tuile atteigne son degré de sécheresse optimal avant la cuisson. Selon leur taille, les fours peuvent accueillir plusieurs dizaines de milliers de tuiles à la fois.
Les visiteurs de Bac Son peuvent découvrir l’ensemble du processus directement dans le village : observer les artisans à l’œuvre, essayer de fouler l’argile, s’initier au moulage ou simplement s’asseoir près du four pour écouter les récits de ceux qui ont dédié leur vie à la terre et au feu.
Des maisons sur pilotis traditionnelles aux constructions contemporaines inspirées de l’architecture locale, les tuiles yin yang de Bac Son sont bien plus qu’un matériau de construction : elles représentent une mémoire culturelle, un lien vivant entre la nature, les traditions et la communauté.








