Dien Bien Phu – Entre histoire et curiosités à visiter dans ce plus grand vestige de la guerre d’Indochine

Situé dans le Nord-Ouest du Vietnam au cœur d’une cuvette entourée de montagnes verdoyantes, Dien Bien Phu fut autrefois le théâtre sanglant des batailles les plus atroces de la guerre d’Indochine. Cette bataille de 56 jours et nuits a mis un terme à la guerre d’Indochine d’une part, et a déclenché une vague de décolonisation en Asie et dans le monde, d’autre part.

Dien Bien Phu d’aujourd’hui a, en revanche le vent en poupe. La cuvette a retrouvé la verdure d’antan et la prospérité de la riziculture. De nombreux vestiges sont à y découvrir, non pas par nostalgie de guerre, mais par respect pour les sacrifices des combattants des deux côtés qu’avait opposés la bataille. Suivez – nous à la découverte de l’histoire de Dien Bien Phu et surtout des vestiges de cette ville frontalière au passé déchirant !

Dien Bien Phu – Le paisible grenier à riz des Thai transformé en champs de bataille

Dien Bien ou Dien Bien Phu est la capitale provinciale de Dien Bien, à 450 km au Nord-Ouest de Hanoi. Cette ville se situe dans une belle et paisible cuvette entourée de montagnes verdoyantes, de 18 km de long et entre 6 et 8km de large. Il s’agit d’un grand grenier à riz des groupes ethniques H’mong et notamment des Thai qui vivent dans de très jolies maisons traditionnelles en bois sur pilotis.

Avant 1954, Dien Bien Phu était un chef-lieu d’administration frontalière quasiment inconnu. Le 20 novembre 1953, l’armée française a, par l’opération Castor, confié au Général Jean Gilles, envoyé des groupes de parachutistes, de s’emparer de la plaine de Dien Bien Phu afin d’y constituer un grand camp fortifié. Cette opération avait pour but de lancer une grande offensive et surtout de fermer l’accès des Vietminh au Laos.

Du côté des Vietminh, le Général de Giap était lui aussi déterminé par cette bataille de mettre fin à cette guerre qui durait depuis trop longtemps au Vietnam. La bataille féroce de Dien Bien Phu débuta alors 4 mois plus tard. La vallée de Dien Bien Phu fut le théâtre de la bataille la plus meurtrière de l’histoire de l’après Seconde Guerre mondiale.

Dien Bien Phu 1954

La bataille de Dien Bien Phu se déroula pendant 56 jours et nuits, du 13 mars 1954 au 7 mai 1954. Les batailles furieuses se sont menées autour des points d’appui – collines au cœur de la cuvette de Dien Bien Phu que les troupes du Général Charles de la Croix de Castries ont appelés par le nom des jeunes filles comme Anne Marie, Béatrice, Isabelle, Huguette, Eliane, Gabrielle….

La bataille de Dien Bien Phu fut extrêmement lourde de conséquences et de pertes des deux côtés. On estime sur le total de 70.000 soldats présents, à peu près 8 000 combattants Vietminh tués, 15000 blessés pendant la bataille et  quelque 3000 soldats tués ou portés disparus dans les troupes de l'armée française. Sur le total de 16.000 soldats français ayant participé à l’opération, on ne décompte que seulement 3 300 qui reviendront en France après la bataille de Dien Bien Phu. Dien Bien Phu fut la dernière bataille, qui marqua également la fin de la présence française au Vietnam en particulier, et en Indochine en général.

Dien Bien Phu aujourd'hui

Dien Bien Phu reste sans aucun doute un des plus grands vestiges de l’histoire de la colonisation française au Vietnam et en Indochine. Au lendemain de la guerre, la paix est de retour sur la vallée et la vie reprend peu à peu son rythme normal. Des champs de riz à perte de vue ont remplacé des barbelés et des tranchés, ne laissant sur cet ancien champ de bataille que quelques carcasses de chars et canons ainsi que certaines collines fortifiées comme épreuve d’un passé tragique de la guerre d’Indochine. L’ensemble de ces vestiges se trouve dans le centre-ville de Dien Bien aujourd’hui, à part le poste de commandement du Général de Giap à Muong Phang, situé à environ 40 km du centre-ville.

Voici les curiosités à ne pas manquer dans cette ville historique, dans l’ordre favorable à une agréable ballade à pieds :

Colline A1 ou la colline Eliane

C’est un des points d’appui de l’armée française au cœur de la vallée. Entourée de barbelés et de plusieurs couches de retranchés, Eliane fut la dernière colline à avoir été attaquée par les Vietminh en 1954. C’est sur cette colline Eliane que les combats furent des plus acharnés et féroces. Un énorme cratère formé par l’explosion de 969 kg de TNT au milieu de la colline est à visiter ainsi que des retranchés et quelques chars exposés sur la colline. De cette colline centrale, on peut avoir une vue panoramique sur une partie de la ville de Dien Bien.

Cimetière militaire des combattants vietnamiens

Situé juste à côté d’Eliane, le cimetière militaire des combattants vietnamiens vous attend dans une ambiance particulière : solennelle mais aussi émouvante. Des centaines de tombes de soldats, dont la plupart sont anonymes, sont alignées derrière un énorme panneau où l’on peut trouver les noms et le lieu de naissance de tous ces soldats tués pendant la bataille.

Musée de la bataille de Dien Bien Phu

Le musée de la bataille de Dien Bien Phu se trouve juste en face du cimetière. Récemment reconstruit, il est conçu en forme de chapeau recouvert d’un filet de camouflage, faisant allusion aux chapeaux que portaient les combattants jadis. Dans un espace de plus de 20 000 mètres carrés, les visiteurs peuvent redécouvrir le déroulé de la bataille à travers une vidéo avec illustrations et des milliers d’objets, de photos, de documents… retraçant les combats, la vie des combattants, l’histoire des prisonniers et l’impact de la bataille sur le processus de décolonisation dans le monde.

Une œuvre panoramique immense reflète le champ de bataille de Diên Biên Phu dans le Musée de la victoire historique de la ville. Cette peinture à l'huile réalisée sur toile dispose de dimensions impressionnâtes : 132 m de longueur et 20.5 m de hauteur en étant divisée en quatre scènes : la préparation au combat, le prélude majestueux, l’affrontement historique et la victoire finale.

Poste de commandement de De Castries

Le poste de commandement de De Castries se situe à quelques centaines de mètres du musée. Ce vestige recouvert de plaques de métal et de sacs de terres est l’endroit où l’état- major français s’est rendu le 7 mai 1954. On peut, lors de la visite, découvrir comment De Castries a dirigé les opérations à l’aide d'affiches et de panneaux exposés le long du retranché.

Commémoration aux soldats français

A 200 mètres environ du PC de De Castries se trouve le très modeste monument de commémoration aux soldats français succombés pendant la bataille. Ce cimetière symbolique dédié aux soldats français a été construit à l’initiative d’un ancien soldat de la Légion Etrangère. Simple mais aussi solennel, ce mémorial est aux bons soins d’un ancien soldat vietnamien volontaire.

Pont portatif Bailey

Enfin, le pont portatif Bailey datant de 1941, et aujourd’hui intitulé Muong Thanh, mérite également le coup d'oeil. Ce célèbre pont est resté intact depuis la fin de la bataille. Il traverse la rivière de Nâm Rôn et vous conduira au marché central de Dien Bien Phu. Une promenade dans ce marché animé est aussi l’occasion de rencontrer des ethnies en costumes traditionnels et de découvrir toutes les spécialités locales dont le riz de Dien Bien qui est très prisé par les vietnamiens pour sa saveur originale.

Colline D1

Juste en face du marché central et niché au bout de quelques centaines de marches, la colline D1 ou Dominique pour les Français abrite depuis 2004 un grand monument -emblème de la ville en bronze de 220 tonnes.

Hormis ces visites possibles dans le centre-ville, les autres vestiges sont éparpillés un peu partout dans la cuvette. En voiture, vous verrez ici et là quelques chars et pièces d’artillerie ainsi que l’aéroport de Dien Bien qui lui-même était un des deux aérodromes de l’armée française. Pour ceux qui ont plus de temps et qui souhaitent un bain de nature, le poste de commandement du Général de Giap caché dans les forêts de Pu Don, à Muong Phang est un excellent choix de destination.

Les villages des Thai autour de la ville de Dien Bien constituent tout aussi une belle attraction. Les femmes Thai, bien reconnaissables grâce à leur chignon caractéristique et leur belle tenue seront au rendez-vous.

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Les meilleurs films de Dien Bien Phu à voir avant de partir  

Dien Bien Phu 1954 a été un désastre militaire tragique des deux côtés, tant français que vietnamiens. Nul ne sort vainqueur de la guerre. Il est donc nécessaire de perpétuer un devoir de mémoire et ce dans le but d’avancer ensemble, dans le but de conciliateur avant tout. De là, de nombreux documentaires et films ont été réalisés. Nous trouvons pertinents de conseiller dans cet article deux des films à regarder avant de faire le voyage.

Dien Bien Phu (Pierre Schoendoerffer - 2004) : Un vrai film de guerre réalisé par un ancien de l’Indochine Pierre Schoendoerffer. Dien Bien Phu retrace ce qui s’est passé presque jour par jour sur la cuvette de Dien Bien Phu. Une description quasi-documentaire de l’ambiance de la bataille présentée par un reporter de guerre. Film qui permet de mieux comprendre les circonstances de la fin de la colonisation française en Indochine.

Ciel Rouge (Olivier Lorelle –2017) : Un film d’amour. Une épopée sublime remplie d’images de la nature du Vietnam et une réflexion esthétisée sur la guerre et un autre regard sur le passé colonial qui a lié l’histoire des deux pays. Ce film nous livre la formidable histoire d’amour des personnages principaux. Philippe s’est engagé pour pacifier un pays inconnu fait de forêts denses et de montagnes spectaculaires. Ses idéaux s'effondrent lorsqu’il comprend qu’il doit torturer et tuer une jeune vietminh qui elle, lutte pour l’indépendance de son peuple. Il décide de fuir avec elle dans un voyage imprévisible au cœur de la jungle. Livrés à eux-mêmes, ils découvriront qui ils sont.

En plus d’être le grand vestige de la guerre d’Indochine qui intéresse les amateurs d’histoire, notamment l’histoire des guerres d’Indochine, Dien Bien Phu est aussi la plus grande vallée rizicole du Nord-Ouest du Vietnam avec ses fabuleuses ethnies minoritaires. Une découverte de Dien Bien Phu est donc loin d’être exclusivement liée au tourisme historique de guerre, c’est également une authentique découverte de la culture des ethnies, des paysages et de la nature du Vietnam. 

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