Le culte des Déesses Mères au Vietnam
Le culte des Déesses Mères est une culture vietnamienne, typique du culte des ancêtres au Vietnam. Alors, le culte des Déesses Mères est - il présenté dans la vie des Vietnamiens ? Comment les habitants pratiquent cette spécificité ?
Le culte des ancêtres, une spécificité spirituelle vietnamienne
La vénération des ancêtres et le respect d'un culte en leur honneur par les descendants sont des pratiques anciennes qui constituent le trait le plus singulier de la vie spirituelle vietnamienne. La cérémonie du culte des ancêtres découle de la conviction que les âmes des morts errent encore dans ce monde et ont une influence sur la vie de leurs descendants.
Ce culte traditionnel et ancestral existait et était pratiqué bien avant l'introduction du confucianisme, du taoïsme ou du bouddhisme. Dans chaque foyer vietnamien, vous observerez qu’il se trouve toujours un autel dédié aux ancêtres où sont déposées les photos des morts, un ou plusieurs bols pour les baguettes d’encens, deux chandeliers, parfois un petit brûle-parfum et des offrandes.
En raison de la connexion entre le monde visible et le monde invisible, le culte des ancêtres symbolise un pont entre les deux mondes. Aussi, les Vietnamiens ont l’habitude de brûler des objets en papier comme de l’argent, une maison, une voiture, des vêtements et des chaussures notamment, afin que les défunts puissent les utiliser dans l’au-delà. Pour certaines occasions particulières, comme les anniversaires de la mort des ancêtres ou le nouvel an lunaire, des rites spéciaux sont organisés pour communiquer avec les morts.
Le jour du Têt, premier jour de l'année lunaire, symbolise le renouvellement de la nature avec la venue du printemps et le recommencement de toute chose. Chaque famille se réunie dans la pièce principale de sa maison et, par la voix du chef de famille, invite ses ancêtres, parents et grands-parents décédés, à revenir parmi elle le temps de la semaine du Têt traditionnel vietnamien. Le culte des ancêtres a beaucoup de similitudes avec le culte des Déesses Mères au Vietnam.
Les origines du culte des Déesses Mères
Aux origines de l'histoire de l'humanité le sacré était féminin. Les hommes ont associé les rythmes de la nature, l’abondance de ses dons nourriciers, la magie de la naissance et de la vie, avec la femme et son pouvoir de procréation auquel ils se sentaient étrangers. Le sens du sacré fut paré des formes et des attributs de la femme, car Nature et Femme appartenaient au même monde magique des ondes et des forces de vie, un monde qui échappait à la compréhension de l’homme mâle.
Dans des temps anciens, les Vietnamiens considéraient les différentes composantes de la nature (lune, montagnes, soleil, rivières, etc…) comme étant des mères ayant des pouvoirs d’action sur le monde terrestre. Chaque mère est une déesse à laquelle un culte était associé. On en a compté jusqu’à 75 ! Ce n’est que vers l’an 1000 qu’un panthéon de divinités vit le jour, présidé par la figure taoïste de l’Empereur de Jade, incarné par les "Trois Saintes Mères" sont les plus connues et aussi les plus populaires: "Déesse-mère du Ciel" (Princesse Liêu Hânh) qui gouverne le ciel, "Déesse-mère des Montagnes et Forêts" qui régit 81 portes et les zones montagneuses, "Déesse-mère de l'Eau", qui gouverne l'eau, la pluie, du vent et les poissons. Ces « Trois Saintes Mères » sont célébrées lors des cérémonies rendues au culte des Déesses Mères au Vietnam.
Comment pratique t-on le culte des Déesses Mères au Vietnam ?
Le culte des Déesses-Mères fait partie intégrante de l'héritage culturel du Vietnam et témoigne des besoins spirituels des Vietnamiens, qui vénèrent leurs ancêtres afin de s'assurer une vie prospère. Cette croyance passe par la piété et la dévotion envers la figure maternelle, qui renvoie au système matriarcal du Vietnam d'autrefois. L'une des pratiques-clé du culte des déesses-mères est le lên đồng, un rituel lors duquel la praticienne entre en transe, vêtue du costume d'une divinité, et danse en l'honneur des Déesses Mères au Vietnam. Ces rituels sont pratiqués quotidiennement lors de cérémonies locales, mais également lors de grands festivals et de pèlerinages tout au long de l'année. Le Vietnam compte dix autres pratiques traditionnelles inscrites sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité reconnue par l'UNESCO.
Le Temple Phu Dây, haut lieu du culte des Déesses Mères au Vietnam
Tous les ans au début du 3ème mois lunaire, la première Déesse Mère (Mâu Thuong Thiên) est célébrée dans le village de Kim Tai, dans la province de Nam Dinh située à moins d’une centaine de kilomètres au sud de Hanoï. Le village de Kim Tai abrite un ensemble d’une vingtaine de bâtiments, appelé temple de Phu Dây, parmi lesquels trois sont liés au culte de la déesse Liêu Hanh où chaque année des milliers de personnes, principalement des femmes, viennent rendre le culte aux Déesses Mères du Vietnam à travers la cérémonie du hâu dông, profondément imprégné de la culture spirituelle occulte.
Via ce rituel, les humains, avec l’aide d’un médium, entrent en contact avec des divinités en vue d'exprimer leurs désirs et leurs aspirations. Le rituel du médium est une performance composée de musique accompagnée de paroles, de danses et de rites solennels. À chaque cérémonie le médium entre en contact avec plusieurs divinités. Environ 36 divinités sont invoquées successivement. Les rituels des scènes et le spectacle offert tiennent en réalité une place plus importante que l’entrée en relation avec les esprits.