Nos livres et films coup de coeur sur l’Indochine

Voici une sélection de nos livres et films coup de coeur sur l’Indochine à lire et à voir, avant ou après votre voyage au Vietnam, pour comprendre l’histoire complexe et souvent méconnue de cette période de l’histoire française en Extrême-Orient et pour découvrir des personnages aussi passionnants qu’attachants.

Les grands films à regarder sur l’Indochine

« Indochine » de Régis Wargnier

Oscar du Meilleur Film étranger et couronné par 5 César, le film Indochine est tout bonnement grandiose. Film fleuve témoin d'une époque, capture de l'histoire en marche qui, couplée aux histoires d'amour et aux multiples personnages, ne peut que donner le film qu'est Indochine, à savoir un long métrage absolument époustouflant aux accents lyriques et romantiques. Régis Wargnier aborde cette période complexe, finalement peu évoquée au cinéma, à travers cette longue fresque historique gorgée de décors splendides.

Sur un sujet brûlant pour les Français, à savoir la décolonisation de l'Indochine entre les années 30 et 50, le film dévoile aux spectateurs certains des plus beaux sites et paysages du Vietnam. Des scènes du film ont été tournées dans l’ancienne citadelle impériale de Hué classée à l’Unesco, la pagode Bich Dong nichée dans les calcaires de Tam Coc, Saigon et le célèbre hôtel Continentale, Hanoi et ses rues furieusement agitée, et la féerique baie d’Halong et ses paysages d’estampes d’îles et îlots karstiques hérissant les eaux du Golfe du Tonkin. Une grande fresque historique, romantique et populaire, mené avec un grand savoir-faire et un casting impressionnant, avec notamment Catherine Deneuve, Vincent Perez et Jean Yann. Cette œuvre cinématographique spectacle est un véritable classique à voir et à revoir.

« Diên Biên Phu » de Pierre Schoendoerffer

Un film magnifique sur la fin de la guerre d’Indochine réalisé par un ancien de Diên Biên Phu qui a survécu à cette terrible bataille qui sonna le glas de la présence française en Indochine. Le spectateur est captivé par le réalisme dramatique de ce chef d'oeuvre qui retranscrit l'inexorabilité d'une défaite annoncée d'une façon des plus poignantes et des plus saisissantes.

Ce film retranscrit parfaitement cette terrible bataille de 2 mois où l'on se battait souvent à un contre dix au corps à corps, où l'artillerie Viet Minh était supérieure et où les paras sautaient à une mort quasi certaine alors que la bataille était perdue d'avance pour simplement "aller aider les copains".  Un film passionnant qui permet de se remémorer ces instants douloureux de l’histoire française et vietnamienne et d'honorer la mémoire de ceux qui ont donné leur vie d'une telle façon. Plusieurs scènes du film ont été tournées à Hanoï dans le quartier de l’opéra et aux alentours du fameux pont Long Bien, véritable monument emblématique de la capitale Vietnamienne. Le film montre la bataille telle qu'elle était vraiment, avec un style quasi-documentaire et une mise en scène exceptionnelle.

« L’Amant » de Jean Jacques Annaud

L’Amant est l'adaptation cinématographique du roman éponyme de Marguerite Duras, publié en 1984, prix Goncourt et grand classique des livres sur l’Indochine. Malgré le rejet de Marguerite Duras sur l'esthétisme du film, Jean Jacques Annaud nous offre l'une de ses meilleures œuvres sur cette histoire d'amour impossible entre une jeune fille et un riche chinois de 17 ans son aîné. Fort, émouvant, érotique, déchirant, le film se distingue par une pléthore de scènes exceptionnelles tant dans la mise en scène que dans la photographie ou l'interprétation.

Le réalisateur restitue en effet parfaitement la moiteur torride de Saigon et du bouillonnant quartier chinois de Cholon, et la beauté des paysages langoureux du delta du Mékong. Profitez de votre séjour dans cette superbe région pour vous rendre à Sadec où vécue la romancière française dans les années 1930. Vous pourrez visiter la maison de Huynh Thuy Le, le fameux amant, une grande maison avec les belles terrasses aux balustrades de céramique bleue sur le bord du fleuve, classée « site historique national ». A voir également, l’école dont la mère de Marguerite Duras était la directrice.

« Soldat Blanc » d’Erick Zonca

Inspiré de livres sur l’Indochine, le film d’Erick Zonca raconte l’histoire de deux jeunes engagés français qui croient aller pacifier le Vietnam et qui attisent un peu plus les braises de l'enfer, en titubant entre le bien et le mal. Chacun des deux protagonistes aura un point de vue défendable et commettra à un moment où à un autre des actes moralement inacceptables contre la volonté d’indépendance des Vietnamiens menée par le Viet Minh communiste.

Le premier va en effet créer un commando de forces spéciales pendant que le second déserte de l'armée Française pour épouser la cause vietnamienne. Les prises de positions de l'un et de l'autre, bien que forcément discutables, amènent le spectateur à se poser les bonnes questions sur un conflit méconnu du grand public. On apprécie le très bon scénario, la fidèle reconstitution des décors, les costumes ainsi que les combats et est interprété par des comédiens très convaincants.

Les grands livres à lire sur l’Indochine

« La nuit indochinoise » de Jean Hougron

« La nuit indochinoise » est un ensemble qui regroupe 7 romans ou nouvelles, parus entre 1950 et 1958, écris par Jean Hougron, un écrivain injustement oublié. Jean Hougron connu très bien l’Indochine française puisqu’il y passa quelques années de sa jeune vie entre 1947 et 1951 où il exerça de nombreux métiers. Ses nombreuses aventures professionnelles et personnelles, et ses quelques milliers de pages de notes lui permirent de nourrir son fameux cycle romanesque. Cette évocation de l’Indochine à la fin de sa colonisation par la France est au centre des 7 romans de Jean Hougron qui constituent « La nuit indochinoise ».

Ayant pour cadre le Vietnam et le Laos, l’œuvre de Jean Hougron nous conte les joies et les misères de ces Français du bout du monde, les « petits blancs », qui s’engluent dans un contexte pesant et triste de fin de règne colonial. Sa vaste fresque de l'Indochine française le révèle au public et se voit couronnée en 1953 par le Grand prix du roman de l'Académie française.

« Peste et choléra » de Patrick Deville

Voilà une excellente biographie romancée originale d'Alexandre Yersin, bactériologiste franco-suisse découvreur du bacille de la peste et grand artisan de la recherche scientifique sur le choléra. De Louis Pasteur au gouverneur général d’Indochine Paul Doumer en passant par le maréchal Lyautey, Patrick Deville évoque la grande histoire de la colonisation française en Indochine dans cet ouvrage très bien documenté.

Ce livre captivant nous permet de découvrir un personnage passionnant : le docteur Alexandre Yersin. D’origine Suisse, naturalisé Français pour les besoins de la science, Alexandre Yersin, disciple de Pasteur, découvre en 1894 le bacille de la peste puis repart très vite en Indochine où il passera le plus clair de sa vie, loin des brouhahas parisiens et des fracas guerriers. Il multiplie là-bas les observations épidémiologiques mais aussi bien géographiques, astronomiques ou météorologiques. Explorateur infatigable, il est le premier à relier par voie de terre la côte de l'Annam au royaume du Cambodge.

Avec Paul Doumer il créa la station climatique de Dalat où il installera un institut Pasteur. Il s’installa à Nha Trang, sur la côte du Vietnam, pour y mener passionnément ses multiples activités de chercheur : élevage bovin, culture de l'hévéa, des orchidées, de la quinine etc. Il y meurt en 1943 à l’âge de 80 ans et n’a depuis eu de cesse de recevoir la reconnaissance du peuple vietnamien pour ses nombreux travaux pour la communauté. Avec son maître Pasteur, il est le seul français dont certaines rues au Vietnam portent encore son nom. Rendez-vous au musée Yersin de Nha Trang pour prolonger le plaisir de ce livre sur ce personnage fascinant.

« Une enfance en Indochine » de Cassilde Tournebize

De la douceur à la tourmente, l’écrivaine Cassilde Tournebize nous raconte avec délicatesse la vie d’une jeune française en Annam, centre du Vietnam, de 1937 à 1946, sous l’Indochine française. A la fois souvenirs et témoignage, ce récit présente la vie quotidienne d'une famille semblable à bien des familles européennes installées là-bas avant que la guerre ne vienne définitivement mettre fin à cette douceur de vivre et bouleverser la vie de ces familles. Ce livre vibrant de souvenirs personnels d'une Indochine à jamais révolue s'adresse à tous ceux qui sont nés là-bas ou qui y ont vécu, ceux qui s'intéressent à ce pays et à son histoire.

L’auteur, née en 1934 à Hué, nous dévoile avec pudeur son histoire personnelle et familiale. On a un réel plaisir à suivre cette aventure familiale dans cette période trouble de l’Indochine française, des premières insurrections anti colonialistes à la déclaration d’indépendance par le père de la nation Ho Chi Minh en passant par l’occupation japonaise lors de la seconde mondiale. On est également séduit par la description des paysages envoûtants, décors de cette enfance en Indochine qui, de la douceur à la tourmente, lui laissera un souvenir impérissable.

« Continental Saïgon » de Philippe Franchini

Ce livre est l'histoire de la famille Franchini, propriétaire du mythique hôtel Continental à Saïgon, à travers la vie quotidienne des Vietnamiens, la tragédie du métissage, la prospérité et la corruption, les fantasmes de cette luxuriante et mystérieuse Indochine et son déclin. Son père, Mathieu Franchini, figure de l’épopée corse en Indochine, acheta l’hôtel et le dirigea avec succès pendant 30 ans.

De 1964 à 1975 c’est Philippe qui dirigea l’hôtel jusqu’à la chute du gouvernement sud-vietnamien. L’hôtel Continental, situé au cœur de Saïgon sur la célèbre rue Catinat, était le lieu de rendez-vous du tout Saïgon, le centre de toutes les intrigues et de tous les ragots de la ville. Il était le point d’ancrage de voyageurs, d’écrivains, d’aventuriers (Greene, Malraux, Bodard, Lartéguy, James Jones, etc.), de journalistes, de politiciens, d’officiers etc.

Aujourd’hui, l’Hôtel Continental reste l’un des plus grands symboles de la présence française en Cochinchine. L’Indochine française a certes disparu depuis longtemps, mais elle occupe toujours l’esprit de ceux qui y sont nés ou qui y ont vécu pendant longtemps. Le récit Continental Saïgon de Philippe Franchini évoque bien l’atmosphère de fin de règne de cette Perle d’Orient qui fait tant rêver ceux de Métropole.