Bokator : Plus qu’un sport, un Héritage martial cambodgien

Le Bokator est un art martial khmer pratiqué depuis plus de 2000 ans. Il était utilisé par l’Empire khmer, dont le territoire s’étendait autrefois sur une grande partie de l’actuelle Thaïlande, du Laos et du Vietnam. Des reliefs sculptés et des fouilles archéologiques, notamment à Angkor et dans plusieurs provinces du Cambodge, attestent de son existence depuis la période néolithique.

À l’origine, le Bokator répondait à un besoin de survie, tant face aux prédateurs qu’aux conflits militaires. Transmises de génération en génération, ses techniques sont devenues un pilier de la culture khmère. Inspirés par la nature, les combattants ont développé des stratégies uniques en imitant les mouvements du tigre, de l’aigle et d’autres animaux symbolisant la puissance et l’agilité.

Écrit par Nhu PHAM, expert localMis à jour le 12-03-2025

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Le Bokator : Un art martial cambodgien ancestral

Le Bokator, officiellement appelé Labokkatao, est un art martial cambodgien qui comprend des combats au corps à corps, des techniques au sol et l'utilisation d'armes. Il s'agit du plus ancien système de combat encore existant au Cambodge, ayant été utilisé par les armées d'Angkor il y a plus de 1000 ans. Le terme Bokator signifie « combattre comme un lion », dérivé des mots Bok (combattre) et Tor (lion).

Conçu pour le champ de bataille, le Bokator intègre une grande diversité de coups de coude, de genou, de pieds, ainsi que des techniques de soumission et de combat au sol. Les pratiquants sont entraînés à frapper avec leurs genoux, mains, coudes, pieds et tête. Même les épaules, les hanches, la mâchoire et les doigts peuvent être utilisés pour neutraliser un adversaire.

Comme de nombreux arts martiaux asiatiques, le Bokator s’inspire de la nature et de la vie, avec des styles basés sur les chevaux, les oiseaux, les aigles ou encore les grues. Chaque style comprend plusieurs techniques, et certaines armes comme de longs bâtons en bambou ou des bâtons courts sont également utilisées.

Les combattants portent des tenues inspirées des armées khmères antiques. Une krama (écharpe traditionnelle) est enroulée autour de leur taille, et des cordelettes en soie rouge et bleue, appelées Sangvar, sont attachées autour de leur tête.

Le Bokator à travers l’histoire

• Influence Indienne et développement

Les premières traces du Bokator apparaissent sur les bas-reliefs des temples d’Angkor, notamment à Banteay Srei. On y distingue des scènes de combat illustrant des techniques de strangulation et des coups inspirés des arts martiaux indiens, comme le Maloyuth. Sous l’influence de la culture indienne, le Bokator a intégré des éléments épiques issus du Ramayana et du Mahabharata.

Son expansion est également liée aux échanges commerciaux et culturels entre l’Empire khmer et les royaumes indiens. De nombreux guerriers khmers étaient formés à des techniques de combat avancées, alliant stratégie militaire et discipline physique.

Le Bokator occupe une place essentielle dans le patrimoine cambodgien, représenté sur des sites emblématiques tels que les temples d’Angkor et le temple de Preah Vihear. À l’instar du Ballet Royal et du théâtre d’ombres Sbek Thom, il fait partie du patrimoine culturel immatériel du Cambodge, directement rattaché à son héritage mondial.

• Le Bokator face aux changements historiques

L’introduction des armes à feu a réduit son rôle militaire, le transformant en art de spectacle et de tradition. Malgré cela, moines et maîtres locaux ont perpétué sa pratique.

L’invasion française au XIXe siècle et l’occupation vietnamienne ont affaibli sa présence, bien qu’il soit resté un élément des festivités nationales. La période des Khmers rouges (1975-1979) a cependant failli anéantir le Bokator, nombre de maîtres ayant été tués ou contraints à l’exil.

• La renaissance du Bokator

Après la chute des Khmers rouges, quelques survivants ont œuvré à sa transmission. Le gouvernement et des organisations culturelles ont entrepris de recenser les maîtres et clubs pour préserver cet héritage.

Depuis les années 2000, des compétitions nationales et internationales ont vu le jour. Présenté aux SEA Games 2023, le Bokator aspire désormais à intégrer les Jeux Asiatiques et, potentiellement, les Jeux Olympiques.

Le Bokator aujourd’hui

Le Bokator est aujourd’hui en péril. La plupart des grands maîtres, âgés de plus de 75 ans, perdent peu à peu des connaissances précieuses, et beaucoup ne peuvent plus enseigner en raison de problèmes de mobilité. Certains sont déjà décédés, laissant un vide dans la transmission de cet art.

Par ailleurs, le désintérêt des jeunes générations accentue cette menace. Sans un effort de sauvegarde et des programmes adaptés, le Bokator risque de disparaître ou d’être altéré au point de perdre son essence.

Circuit Vietnam Cambodge

Structure et Niveaux de Compétence

Le Bokator contient 341 techniques, souvent inspirées des animaux et des stratégies naturelles. Il existe une hiérarchie des niveaux représentée par des couleurs de krama :

1. Blanc – Niveau débutant

2. Vert

3. Bleu

4. Rouge

5. Marron

6. Noir – Niveau avancé (minimum 10 ans de pratique)

7. Or et Diamant – Réservés aux maîtres et aux champions ayant marqué l'histoire du Bokator

Pour atteindre le krama noir, un pratiquant doit maîtriser au moins 1 000 techniques sur les 8 000 à 10 000 existantes. Chaque niveau exige la connaissance de :

• Techniques d'attaque : Coups de pied, coudes, genoux.

• Techniques de défense.

• Techniques animales (ex : aigle, tigre, cheval).

• Kun kru : Danse rituelle avant le combat.

La Symbolique du Costume Traditionnel

Les combattants de Bokator portent une tenue inspirée des anciens guerriers khmers :

• Le krama : Une écharpe traditionnelle en coton, enroulée autour de la taille.

• Le sangvar : Un cordon de soie bleu et rouge attaché autour de la tête et des biceps. Autrefois, on croyait que ces cordons conféraient de la force aux combattants.

• Les protections : Dans certaines compétitions modernes, les pratiquants utilisent des protections pour réduire les risques de blessure.

Les Compétitions de Bokator

Au Cambodge, plusieurs compétitions sont organisées régulièrement, notamment les SEA Games à Phnom Penh. Les compétiteurs s'affrontent dans deux catégories principales :

Techniques

• Les participants présentent leur tvear (kata ou forme), à mains nues ou avec une arme (bâton court, bâton long ou kun khel).

• Les juges évaluent l'esthétique des mouvements et la qualité de l'exécution.

Combat

• Le combat se déroule en cercle, en rounds de 5 minutes, accompagné d'une musique propre au Bokator (différente du Muay Thai et du Kun Khmer).

• Tous les coups sont autorisés sauf ceux portés au sol, à la nuque, au dos et aux parties génitales.

• Les combattants effectuent une danse entre chaque phase du combat, une tradition inspirée d'une ancienne légende khmère.

• Les morsures et les attaques aux yeux sont strictement interdites.

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Où voir le Bokator au Cambodge ?

Au Cambodge, il est possible d’assister à des dîners-spectacles où l’on peut admirer des démonstrations de Bokator ainsi que des performances de danse Apsara, deux arts traditionnels classés au patrimoine culturel du pays. Ces spectacles sont souvent organisés dans des restaurants et des centres culturels à Phnom Penh et Siem Reap. Vous pouvez les découvrir notamment à :

• Angkorian Dining Theatre

• Kanell dinner show

Différences entre le Bokator et le Muay Thai

Bien que le Bokator et le Muay Thai partagent certaines similarités, notamment l'utilisation des coudes et des genoux, plusieurs différences les distinguent :

• Techniques de combat : Le Bokator met l'accent sur les mouvements inspirés des animaux et comprend des projections et des techniques de sol, contrairement au Muay Thai, qui se concentre sur le combat debout.

• Armes : Le Bokator inclut l'apprentissage des armes traditionnelles khmères, ce qui n'est pas le cas du Muay Thai.

• Origine culturelle : Le Bokator est lié aux traditions bouddhistes et aux cérémonies khmères, tandis que le Muay Thai est davantage un sport de combat modernisé et largement pratiqué en compétition.

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Conclusion

Bien plus qu’un simple art martial, le Bokator est un héritage vivant, symbole de résilience et d’identité culturelle. Conscient de son importance, le Cambodge a mis en place des initiatives pour assurer sa transmission, avec l’ouverture d’écoles spécialisées à Phnom Penh et Siem Reap et une reconnaissance croissante à l’international.

Grâce aux compétitions mondiales et aux efforts gouvernementaux, il retrouve progressivement sa place en Asie et au-delà. Son avenir repose sur son enseignement aux nouvelles générations, garantissant ainsi sa préservation et son rayonnement.

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