La spiritualité, un pilier de la société vietnamienne
Le saviez-vous ? Les Vietnamiens visitent régulièrement des pagodes bouddhistes, alors que plus des deux tiers d’entre eux ne se disent pas religieux. S’ils suivent des rites traditionnels, il s’agit plutôt de « philosophies » généralement basées sur des croyances locales et adoptées au fil des siècles. Elles procèdent du merveilleux creuset « tam giao » - ou « triple religion » littéralement – combinant le bouddhisme avec le taoïsme et le confucianisme.
La complexité de ce mélange explique probablement pourquoi beaucoup de Vietnamiens ont du mal à s’identifier à une religion en soi, et se voient comme agnostiques. C’est quoi le culte, dans leurs coutumes ? Comment les rites les plus populaires de la planète sont pratiqués dans leur pays ? Nous vous proposons quelques clés de la religion Vietnam pour comprendre.
=*_*=>1. Religion traditionnelle : La spiritualité ancrée dans les traditions
La croyance locale qui domine est le « tin nguong dan gian », que l’on pourrait traduire par « la religion du folklore ». Elle est généralement structurée autour du culte des esprits ainsi que de divinités pouvant être représentées dans la nature ou dans des objets. Il s’agit souvent, aussi, des gardiens ou protecteurs de lieux rituels, de personnes, de lignages et d'occupations spécifiques. On leur attribue des pouvoirs supérieurs, positifs ou négatifs selon la manière dont les vivants les respectent et vénèrent.
Culte des divinités
La croyance populaire vietnamienne consiste à célébrer des dieux en lien avec 4000 ans de traditions agricoles. Le culte de la déesse mère, ou « Đạo Mẫu », a commencé au XVIème siècle au Vietnam et s’adresse à trois divinités de la nature, le ciel, l’eau et les montagnes et forêts. Il connait son apothéose dans le rite « Hau dong », de communication entre elles et les humains, réalisé grâce à des médiums les incarnant. Les cérémonies sont souvent fascinantes, accompagnées de musiques et danses folkloriques ; l'Unesco les a reconnues comme patrimoine culturel immatériel de l'humanité
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Les Vietnamiens vénèrent également 70 autres divinités, environ, dont de nombreuses personnages historiques et héros nationaux. On considère qu’ils ont rendu de grands services pour construire et défendre le pays, grâce aux talent et vertu dont ils ont fait preuve de leur vivant. Ces hommages rituels et patriotiques reflètent la tradition du « uống nước nhớ nguồn », du « souvenir de la source de l'eau que nous buvons ». Le culte des rois Hùng est un bel exemple de ces festivités célébrant la grande unité nationale, chaque dixième jour du troisième mois lunaire. Il offre l’occasion, au milieu du printemps, d’exprimer sa gratitude envers les fondateurs du pays il y a près de quatre millénaires.
La commémoration des divinités et des ancêtres se fait lors de deux festivités en particulier. Tout d’abord la plus importante, la fête du Têt, en janvier ou février au début de la nouvelle année lunaire et des prochaines récoltes. Elle avait initialement pour but de solliciter la bénédiction des génies pour que celles-ci soient abondantes. L’autre célébration la plus en vue est le Têt trung thu, ou fête de la lune. Elle se tient en automne, au quinzième jour du huitième mois du calendrier traditionnel, lorsque les paysans ont coupé le riz. Également appelée « la fête de la récolte », elle permettait jadis de célébrer les bons rendements et de rendre grâce aux génies. Pour les Vietnamiens d’aujourd’hui, elles sont surtout synonyme d’union familiale et d’autre occasion pour remercier les aïeuls.
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Culte des ancêtres
Depuis l’introduction précoce du confucianisme au Vietnam, durant la domination chinoise, les familles ont valorisé la piété filiale. Ce culte des ancêtres illustre l’influence fondamentale du patriarcat et de la morale confucéenne dans le pays en forme de S. On y apprend dès l’enfance à respecter les précédentes générations, en se souvenant des défunts de sa lignée familiale. Les esprits des grands parents et parents disparus sont donc « présents ».
On trouve d’ailleurs toujours un autel en leur honneur au sein des foyers vietnamiens, placé dans un endroit bien en vue de la maison. Il est décoré de tablettes et d’images ancestrales, ainsi que d’un brûleur d’encens et des offrandes de fruits notamment. Le culte a lieu régulièrement, par exemple lorsqu’il y à pleine lune, le premier et le quinzième jour de chaque mois lunaire, à l’anniversaire du décès d’un ancêtre, et bien entendu au moment des fêtes comme le Têt. Les rites consistent à faire des offrandes de nourriture, allumer des bougies et brûler de l'encens, puis de prier devant l'autel avant de mettre en feu des papiers votifs.
Selon la croyance populaire vietnamienne, l'existence d’une personne ne s'étend pas seulement de la naissance aux années passées sur Terre sous une forme tangible. Il y a aussi une vie spirituelle après la mort, dans un autre monde pendant encore deux ou trois générations avant la réincarnation. Des esprits sans famille ni lieu de repos - notamment parce qu’ils ont été « abandonnés » par leurs proches ne pratiquant plus le culte des défunts, « errent » également sur Terre. On les appelle « les fantômes affamés » car ils peuvent déranger les vivants.
On fête les morts à l’occasion du « ram thang bay » - qui se traduit par « pleine lune en juillet » – le quinzième jour du septième mois lunaire. Le but est de soulager leurs souffrances, les aider à se réincarner et empêcher les esprits « coupables » de faire plus de mal. La fête de Vu Lan, qui a lieu le même jour, concerne le culte des esprits mais elle a des significations différentes. Influencée par le bouddhisme, elle est l’occasion pour les enfants de montrer leur gratitude et leur piété filiale à leurs parents.
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2. Le triptyque religion Vietnam
Bouddhisme au Vietnam
Première composante du syncrétique « tam giao », la célébration de Bouddha a probablement été introduite au Vietnam depuis l'Inde via les routes maritimes, à partir du IIe siècle après J.-C. Son développement s'est poursuivi tout au long des périodes qui ont suivi, notamment sous les dynasties de Ly (1009-1225) quand elle devint la religion nationale.
Plusieurs pagodes ont alors été construites avec une architecture exceptionnelle ; par exemple Phap Van, Phat Tich et Dam dans la province de Bac Ninh, et celle du Pilier unique à Hanoi. Le bouddhisme se compose de deux branches au Vietnam, Mahayana et Theravada. La première est principalement pratiquée au centre et au nord, ainsi qu’en Chine, Corée et au Japon. La seconde est courante dans le delta du Mékong et les pays voisins (Cambodge, Laos) ou en Birmanie.
Confucianisme
Sous la domination chinoise, cette religion n'a pas gagné une position importante au sein de la société vietnamienne. Son influence n'a été notée qu'en 1070, lorsque le roi Ly Thanh Tong a construit Van Mieu, le Temple de la Littérature (que l’on visite à Hanoi), pour vénérer Confucius. Sa morale s’est étendue dans tout le pays, atteignant son apogée au XIVe siècle. Elle servait de ciment nécessaire pour constituer une nation unifiée, avec un ordre social et une administration centralisée. Le confucianisme a ainsi pris racine profondément dans la structure politique et le système d'éducation des Vietnamiens, petit à petit, allant jusqu’à régir l’organisation des examens.
Taoïsme
Egalement d’origine chinoise, le taoïsme a pénétré le Vietnam vers la fin du IIe siècle. Sa dimension magique et mystérieuse attire, faisant écho à la subconscience humaine et aux croyances primitives. Les divinités vénérées en son nom sont notamment l’Empereur de Jade, Daode Tianzun et Zhenwudadi, ainsi que les saints vietnamiens Tran Hung Dao et Lieu Hanh. Il y a aussi des déesses mères, montrant l'harmonie entre le taoïsme et le « tin nguong dan gian », la religion folklorique du pays.
Aujourd’hui, ce culte s’est fait très discret et n'a laissé que des vestiges dans les croyances populaires. Mais il reste bien présent à travers les techniques de Feng Shui, des méthodes de nutrition, des arts martiaux et diverses formes de divination. On peut trouver également des sites taoïstes à Hanoi, comme le temple de Quan Thanh, un des quatre sites religieux « protecteurs » de la capitale, et celui de Ngoc Son.
3. Les autres religions au Vietnam
Catholicisme
La chrétienté n'a apparu que beaucoup plus tard dans l'histoire du Vietnam, pendant la seconde moitié du XVIe siècle. Des missionnaires arrivés du Portugal, d'Espagne et de France y ont introduit le catholicisme. Au XVII siècle dans leur sillage, des jésuites ont développé un système alphabétique pour la langue vietnamienne, utilisant l'écriture latine. Alexandre de Rhodes est le plus connu car il est à l’origine du système d'écriture officielle appelé « quoc ngu ».
Lors de la colonisation française au XIXe siècle, de nombreuses églises ont été construites en pierre, à occidentale. On peut citer les trois majeures, les cathédrales Saint-Joseph (à Hanoï) et de Phat Diem surtout (dans la province de Ninh Binh) au nord, et Notre-Dame de Saïgon (Hô Chi Minh-Ville) au sud. On estime que 6,1% des Vietnamiens sont catholiques, et le développement de cette religion ne se limite pas à ses fidèles. L'influence culturelle occidentale a également fait de Noël un événement festif de plus en plus populaire, en effet, alors ce n’est pas une fête nationale.
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Protestantisme
Le protestantisme n'est arrivé au Vietnam qu'à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Ses missionnaires ont d’abord déployé leurs efforts dans les hauts plateaux du centre du Vietnam, en particulier autour de la région de Da Lat. Ils y ont évangélisé les minorités ethniques notamment, et même traduit la Bible dans certaines de leurs langues. Selon les statistiques gouvernementales, le protestantisme compte maintenant 1,5 million de fidèles (environ 2% de la population) et 400 lieux de culte au Vietnam.
Caodaïsme Vietnam
Cette religion Vietnam a apparu assez tardivement, au début du XXe siècle. C'est un mélange de différentes croyances comprenant des enseignements de Bouddha, Jésus, Confucius et Lao-Tseu, ainsi que de politiciens et d’écrivains modernes comme Victor Hugo. Son culte est principalement pratiqué dans des provinces méridionales comme Tay Ninh, Can Tho, Tien Giang et Hau Giang, dans le delta du Mékong.
Hoahaoïsme
Une autre religion indigène récente, du sud du Vietnam, est le bouddhisme Hoa Hao. Il a été créé au début du XXe siècle pour y populariser de nouveau cette religion venue d’Inde. Il prône la prière à la maison par les laïcs, plutôt que l'adoration de Bouddha dans les temples avec des moines. Le hoahaoïsme concerne surtout des paysans, à qui est enseigné le slogan « pratiquer le bouddhisme tout en cultivant la terre. » Il y a peut-être deux millions d'adeptes de cette religion (ou secte), majoritaires dans certaines parties du delta du Mékong, son berceau.
Islam et Hindouisme
Au Vietnam, ces deux religions sont principalement associées à la minorité ethnique Cham. La plupart des Chams hindous vivent dans le centre, tandis que les musulmans se trouvent surtout au sud, en particulier dans le delta du Mékong eux aussi.
4. Conclusion
S’intéresser aux pratiques religieuses des Vietnamiens donne un aperçu formidable et fascinant de leurs traditions et croyances. Vous découvrirez la religion Vietnam en les côtoyant, notamment les membres de groupes ethniques établis dans des régions éloignées. Sans oublier de visiter certains des impressionnants temples du pays.
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