L’héritage de la culture et de la civilisation française au Vietnam

« Nous avons la chance d’avoir été en contact avec deux des plus grandes civilisations de l’histoire de l’humanité : la culture orientale des Chinois et la culture occidentale des Français. Cependant, ces deux cultures se sont croisées avec la culture vietnamienne dans un contexte historique très particulier : une période où notre pays a été envahi, colonisé, et est devenu une colonie. Mais au-delà de ces éléments historiques, nous avons su en extraire beaucoup de richesses que nous continuons aujourd’hui à préserver et à développer. Je pense que nous devons regarder le passé avec un regard tourné vers le progrès et le changement. L’empreinte de la culture française au Vietnam est faite de choses belles, positives, qui ont enrichi notre propre culture nationale » -  a partagé le fameux historien hanoien Dương Trung Quốc lors d’une interview à l’exposition « L’empreinte de la culture française à travers les archives au Vietnam ».

Les propos de cet historien sont aussi une invitation à aborder l’histoire avec objectivité, un esprit progressiste et une vision innovante. Alors, après ce travail de sélection, quelles sont les valeurs positives que la culture française a laissées au Vietnam?

Écrit par Nhu PHAM, expert localMis à jour le 10-06-2025

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1. Le Quốc ngữ (l’alphabet latin avec accents)

Du point de vue de l’héritage culturel, la généralisation de l’écriture romanisée vietnamienne, appelée Quốc ngữ, constitue un tournant majeur dans l’histoire du Vietnam moderne. Bien que le Quốc ngữ soit né au XVIIe siècle de l’initiative des missionnaires catholiques occidentaux, notamment le jésuite Alexandre de Rhodes, c’est à partir de la période coloniale française que son usage s’est progressivement étendu, avec le soutien à la fois des autorités coloniales et de certains intellectuels vietnamiens.

Son adoption progressive a contribué à faciliter l’accès à l’éducation et à augmenter le taux d’alphabétisation dans le pays. À ce titre, la diffusion du Quốc ngữ a joué un rôle important dans la modernisation des outils pédagogiques et la transformation de la société vietnamienne à l’époque contemporaine. Cela illustre une des dimensions complexes mais durables des interactions culturelles entre la France et le Vietnam.

2. L’influence positive de la France sur l’éducation 

Sous la colonisation française, le système éducatif vietnamien a connu une réforme majeure, avec une organisation claire en trois niveaux :

• Premier niveau : école primaire
• Deuxième niveau : collège
• Troisième niveau : lycée (enseignement secondaire supérieur, préparation au baccalauréat)

En 1906, la création de la Direction générale de l’Éducation de l’Indochine a permis d’unifier et de structurer le système éducatif. L’introduction de l’écriture latine vietnamienne à l’école primaire a grandement facilité l’apprentissage, remplaçant progressivement le système complexe des caractères chinois. Les programmes comprenaient des sciences modernes et des savoirs pratiques conformes aux standards occidentaux.

📌 Plusieurs établissements fondés à cette époque restent des piliers de l’enseignement au Vietnam, parmi lesquels :

• Lycée Quốc Học de Hué (toujours appelé Lycée Quốc Học à Hué)
• Lycée du Protectorat de Hanoï (aujourd’hui Lycée Chu Văn An)
• Lycée Marie Curie de Saïgon (toujours Lycée Marie Curie, Ho Chi Minh-Ville)
• École des Mécaniciens Asiatiques de Saïgon (aujourd’hui intégrée dans les formations techniques de Ho Chi Minh-Ville)
• École des Beaux-Arts de Gia Định (devenue l’École des Beaux-Arts de Ho Chi Minh-Ville),...
• L’Université d’Indochine fut construite entre 1923 et 1926 selon les plans de l’architecte Ernest Hébrard. Après 1954, ses bâtiments ont été repris par l’Université Générale de Hanoï et par l’Université de Médecine et de Pharmacie.

Les Français n’ont pas seulement introduit un système d’éducation de base au Vietnam, ils ont également développé l’enseignement artistique, les écoles professionnelles et techniques, contribuant ainsi à former une main-d’œuvre qualifiée et à enrichir la culture locale. 

3. Développement de la médecine sous la colonisation française 

Dès la conquête de la Cochinchine, les Français instaurent des services médicaux pour l’armée et la population, avec un premier hôpital à Saïgon en 1861. De 1893 à 1906, le réseau hospitalier s’étend dans le Sud. Au Tonkin, la médecine occidentale arrive plus tard, à la fin du XIXe siècle, d’abord pour l’armée, puis pour les civils.

Au début du XXe siècle, un système de santé publique moderne se met en place : gestion, formation, soins, prévention et recherche. Un corps médical mixte européen-vietnamien est créé. Cette introduction progressive permet aux Vietnamiens d’accéder aux avancées médicales modernes, posant les bases du système de santé actuel.

📌 Parmi les établissements les plus notables, tous sont aujourd’hui des centres sanitaires de premier plan:

• Institut du Radium, créé en 1927 par Charles Delpech, à l’origine de l’actuel Hôpital du Cancer, spécialisé dans le traitement du cancer.
• Hôpital René-Robin, fondé en 1931 par Charles Christian, devenu le célèbre Hôpital Bach Mai, l’un des plus grands hôpitaux du Vietnam aujourd’hui.
• Hôpital indigène (du Protectorat), inauguré en 1904, ancêtre de l’Hôpital Việt Đức, centre médical de référence en chirurgie.
• Hôpital de Lanessan, ouvert en 1894 par Génie Frichement, qui a évolué vers l’Hôpital de l’Amitié et l’Hôpital Central de l’Armée 108, deux établissements majeurs actuels.
• Hôpital Saint-Paul de Chartres, fondé en 1896, précurseur de l’Hôpital Saint-Paul, un autre hôpital historique à Hanoï.
• L’Hôpital Militaire, aujourd’hui Hôpital pédiatrique 2 à Ho Chi Minh-Ville.
• Institut Pasteur de Hanoi, inauguré en 1930 sous la direction de Gaston Roger, devenu aujourd’hui le Centre National d’Hygiène et d’Épidémiologie, un centre clé de recherche en hygiène et épidémiologie.

Entre les figures marquantes, le docteur Alexandre Yersin occupe une place à part. Médecin suisse naturalisé français, il arrive en Indochine dans le cadre des missions scientifiques de la France. En 1894, il découvre le bacille responsable de la peste, qui portera son nom : Yersinia pestis. Il s’installe ensuite au Vietnam, fonde un laboratoire à Nha Trang, puis participe à la création de l’Institut Pasteur de Saïgon.

Pionnier de la médecine préventive en Asie du Sud-Est, Yersin introduit la vaccination contre la peste et initie des recherches appliquées en bactériologie. Il contribue aussi à la formation de personnel médical local. Son approche mêlant science, engagement humanitaire et travail de terrain en fait une figure emblématique du développement de la santé publique au Vietnam.

4. De la villégiature coloniale au tourisme d’aujourd’hui

Dès le début du XXe siècle, le climat tropical chaud du Vietnam a attiré les Français, qui ont créé des stations de villégiature en montagne pour fuir la chaleur.  Dans le nord, Sapa, célèbre pour ses rizières en terrasses et ses ethnies, est accessible par un chemin de fer colonial encore en service. Tam Đảo et Ba Vì, proches de Hanoï, offrent aussi un climat agréable. Au centre, Bà Nà, près de Da Nang, est devenue une station balnéaire et un parc d’attractions, tandis que Bạch Mã, près de Hué, est aujourd’hui un parc national protégé. Dans le sud, Đà Lạt, découverte par le médecin Alexandre Yersin, séduit toujours par ses forêts de pins et son climat tempéré.

Ces stations héritées de la colonisation restent des lieux idéaux pour se détendre et profiter de l’air frais.

5. L’hôtellerie : un héritage français intemporel

L’hôtellerie vietnamienne conserve l’empreinte de la période coloniale. Dans plusieurs grandes villes, les Français ont bâti des établissements élégants aux influences européennes. Restaurés avec soin, ces hôtels accueillent toujours voyageurs et curieux dans une ambiance mêlant histoire et raffinement.

Hanoï

• Métropole : Ouvert en 1901, cet hôtel est un témoin vivant de l’histoire de Hanoï. Il a abrité écrivains, journalistes et artistes, offrant un refuge inspirant. Son architecture coloniale illustre la rencontre entre traditions vietnamiennes et influences européennes. Les jardins ombragés et les salons élégants créent un havre de paix au cœur de la ville.

Hué

• Azerai La Résidence : Ancienne partie de la résidence du Commissaire français construite en 1930.
• L'Hôtel Morin Hue : L’un des plus prestigieux d’Indochine, il accueillait aussi le gouvernement royal et l’administration du protectorat. Ce lieu est vite devenu un centre d’activité commerciale et culturelle au cœur de la capitale impériale sous la dynastie des Nguyễn.

Saïgon (Hô Chi Minh-Ville)

• L’ hôtel Continental Sai Gon : Inauguré en 1880, cet hôtel est une institution emblématique de Saïgon. Il a accueilli écrivains, journalistes et personnalités politiques, incarnant l’effervescence culturelle de la ville à l’époque coloniale et bien au-delà.
• L'hôtel Majestic : Inauguré en 1925, cet hôtel art déco sur les quais de la rivière Sài Gòn fut un lieu de rencontre pour les élites locales et voyageurs étrangers, mêlant charme colonial et douceur de vivre.
• L'hôtel Grand Saïgon : Inauguré en 1930, cet établissement emblématique du boulevard Đồng Khởi incarne l’élégance de l’architecture française au cœur de Saïgon. Sa façade classique et son atmosphère raffinée perpétuent l’héritage du style colonial dans un écrin de modernité.

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6. L’héritage architectural français au Vietnam

Le besoin de construire des bâtiments publics et des logements pour les Français a donné naissance à l’industrie de la construction au Vietnam, laissant derrière lui des œuvres architecturales uniques, un patrimoine commun aux deux pays. La fusion entre l’architecture française et l’architecture locale a engendré un style architectural Indochine distinctif au monde.

📍 Hanoï : un centre historique riche en architecture française

• Opéra de Hanoï : Édifié en 1911, il s’inspire largement de l’Opéra Garnier de Paris. Situé rue Tràng Tiền, près du lac Hoàn Kiếm.
• Pont Long Biên (ancien pont Paul Doumer) : Construit entre 1898 et 1902, ce pont métallique emblématique enjambe le fleuve Rouge à Hanoi.
• Cathédrale Saint-Joseph : Érigée en 1886 dans un style néo-gothique, elle est l’église mère de l’archidiocèse de Hanoï, réalisée en briques rouges importées d’Europe.
• Le palais du gouverneur à Hanoï : construit en 1902, était considéré comme le plus bel édifice architectural de son époque. Il servait de résidence officielle et de centre administratif au représentant de l’administration coloniale française au Vietnam. Aujourd’hui, ce bâtiment est connu sous le nom de Palais présidentiel.
• Ministère des Affaires étrangères : Inauguré en 1928, ce bâtiment unique aux « cent toits », signé par l’architecte Ernest Hébrard, mêle harmonieusement architecture coloniale française et esthétique vietnamienne. Situé à Hanoï, il abrite aujourd’hui le siège du ministère des Affaires étrangères, symbole de la diplomatie vietnamienne moderne.
• Gare centrale : Inaugurée en 1902, elle fut à son époque la plus grande gare d’Asie du Sud-Est. Conçue dans un style mêlant architecture classique française et éléments locaux, elle devint un carrefour majeur du réseau ferroviaire, reliant la capitale à différentes régions du nord, puis à l’ensemble du pays grâce à la ligne transvietnamienne.

 📍 Hô Chi Minh-Ville (Saïgon) : modernité et héritage

• La Poste centrale de Saigon: Bâtiment emblématique au style colonial, situé dans le district 1.
• L’Opéra de Saigon: Construit en 1900 par Félix Olivier, inspiré du style flamboyant de la Troisième République française, façade richement décorée.
• La Cathédrale Notre-Dame de Saigon: Construite en 1880 avec des briques rouges importées de Toulouse, mélange de styles roman révisé et gothique, modèle de Notre-Dame de Paris.
• Hôtel de Ville: Construit entre 1898 et 1909 par l’architecte Fernand Gardès, le siège actuel du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville s’inspire des beffrois du nord de la France.
• Le marché Ben Thanh: Inauguré en 1914, lieu central du commerce.
• Le musée des Beaux-Arts: Installé dans une demeure coloniale construite en 1929 par l’architecte français Rivera, pour une riche famille chinoise.

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📍 Đà Lạt : ville d’altitude au style européen

• Gare centrale de Đà Lạt : construite par les Français dans un style Art Déco des années 1930, symbole de la station climatique coloniale.
• Lycée Yersin : fondé sous l’administration française et nommé d’après le médecin Alexandre Yersin, cofondateur de Đà Lạt.
• Cathédrale de Đà Lạt : bâtie en pierre rose, avec des vitraux importés de Grenoble, illustrant le lien culturel avec la France.
• Institut Pasteur : centre médical créé par les Français durant la colonisation.

📍 Hué : entre citadelle et architecture coloniale

• Les fortifications de la cité impériale, remodelées selon les principes de Vauban. En savoir plus sur Décoder l'architecture de la Citadelle de Hué.

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7. L’héritage ferroviaire français au Vietnam

Le réseau ferroviaire vietnamien est né sous la colonisation française, avec le lancement en 1899 de la ligne Nord–Sud entre Hanoï et Saïgon, achevée en 1936. Longue de 1 726 km, elle reste aujourd’hui l’axe principal du transport ferroviaire, exploitée par Vietnam Railways.

D’autres lignes ont marqué l’époque, comme celle menant vers les montagnes du nord, construite pour permettre aux fonctionnaires français de rejoindre leur station de villégiature. Elle est toujours empruntée par les voyageurs.

Plus au sud, la ligne à crémaillère entre Đà Lạt et les plaines côtières traversait les hauts plateaux. Supprimée depuis, sa locomotive emblématique circule aujourd’hui en Suisse. Un projet de relance est à l’étude pour redonner vie à ce patrimoine oublié.

Parmi les images documentant le développement du chemin de fer, cette photographie se distingue par sa valeur historique : elle illustre clairement les travaux de construction de la voie. En 1900, elle a été exposée à l’Exposition universelle.

8. Conservation culturelle et musées

Au début du XXe siècle, alors que la colonisation s’était stabilisée, la culture française s’est subtilement mêlée à la culture vietnamienne, donnant naissance à des phénomènes culturels inattendus. Sans politique d’assimilation forcée, les autorités françaises n’ont pas détruit les patrimoines traditionnels vietnamiens : pagodes, temples, lieux historiques ont été préservés. De nombreuses fêtes traditionnelles ont même été encouragées.

La passion française pour la collecte, la recherche et la conservation culturelle a conduit à la création de nombreux musées au Vietnam, dont beaucoup existent encore aujourd’hui ou en conservent l’essence. Parmi ces efforts, l’étude des cultures minoritaires, notamment celle du peuple Chăm, une ethnie d’origine austronésienne installée principalement dans le centre et le sud du Vietnam, héritière du royaume historique de Champa, avec une langue propre, des traditions religieuses (hindouisme et islam) et un riche patrimoine architectural, a été particulièrement mise en valeur.

📌 Certains bâtiments ont été conservés depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui.

• Le Musée d’Art Vietnamien à Hanoi
• Le Musée des Beaux-Arts de Ho Chi Minh-Ville
• Le Musée Champa à Đà Nẵng, spécialise dans la préservation et la valorisation de ce patrimoine unique.
• Musée national d’Histoire du Vietnam (Hanoï) : installé dans l’ancien bâtiment de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO), il retrace les grandes périodes de l’histoire vietnamienne.

👉 Découvrez le Vietnam à travers son histoire et sa culture grâce à ses musées :

• Les musées incontournables à Hô Chi Minh-Ville
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9. Les traces de la cuisine française dans la tradition vietnamienne

Pendant la période coloniale française, la cuisine française a profondément marqué la gastronomie vietnamienne à travers plusieurs apports majeurs :

• Le pain :

L’introduction de la baguette et du pain de mie a donné naissance au fameux bánh mì. Le mot lui-même vient du français « pain de mie », adapté en vietnamien. Aujourd’hui, ce sandwich est devenu un symbole culinaire national. À côté du bánh mì, l’usage du fromage et du lait dans le petit-déjeuner témoigne aussi de l’influence durable de la culture française dans le quotidien des Vietnamiens.

• Les plats hybrides :

Certains plats comme le bò bít tết (steak de bœuf à la vietnamienne) témoignent de la fusion entre cuisine française et goûts locaux. Des influences françaises se retrouvent aussi dans des recettes traditionnelles comme le phở bò.

• Les pâtés et pâtisseries :

Croissants, éclairs, pâtés en croûte ou brioches ont été intégrés à la gastronomie vietnamienne, parfois avec une touche locale. Cette fusion culinaire a enrichi la diversité gastronomique du Vietnam, symbolisant un dialogue culturel entre Orient et Occident.

• Le café :

Les Français ont introduit la culture du café au Vietnam. Le café filtre à la française, adopté et réinterprété, fait désormais partie du quotidien. Le Vietnam est aujourd’hui l’un des plus grands producteurs et exportateurs mondiaux. Au-delà du café, les Français ont également introduit des cultures comme le caoutchouc ou le cacao, qui occupent encore une place importante dans l’agriculture vietnamienne.

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10. L’influence française sur la religion au Vietnam

Le catholicisme existait au Vietnam bien avant la période coloniale, grâce aux premiers missionnaires venus d’Europe dès le XVIe siècle. Cependant, c’est sous la colonisation française que cette religion s’est largement développée et structurée à grande échelle.

Les autorités coloniales, ainsi que les missionnaires français, ont soutenu la construction d’églises, d’écoles et d’institutions religieuses qui ont permis d’ancrer durablement le catholicisme dans la société vietnamienne. Parmi les édifices religieux les plus emblématiques construits durant cette période figurent la cathédrale Notre-Dame de Saïgon et la cathédrale Saint-Joseph de Hanoi, qui restent aujourd’hui des symboles majeurs du catholicisme au Vietnam.

11. Aux origines de l’industrie minière moderne au Vietnam

À la fin du XIXe siècle, l’exploitation des ressources minières devient l’un des axes majeurs de la politique coloniale française en Indochine. Après avoir perdu les bassins houillers d’Alsace-Lorraine à la suite de la guerre franco-prussienne, la France cherche à compenser ce manque en développant de nouveaux gisements, notamment au Vietnam. Dès 1872, des expéditions explorent les gisements de charbon dans le Nord-Vietnam. La découverte de charbon de qualité à Hòn Gai suscite vite l’intérêt colonial. En 1883, après la prise de Hanoï, les troupes françaises occupent la région, installent une présence militaire à Móng Cái et lancent une exploitation intensive qui durera plus de 70 ans.

En parallèle, les Français s’intéressent aussi aux métaux précieux comme l’or et l’argent. Ils modernisent les méthodes d’extraction en introduisant des machines et des technologies occidentales, posant ainsi les premières bases d’une industrie minière structurée et mécanisée au Vietnam. Certes, cette exploitation, souvent intensive et à leur profit, relevait d’une logique coloniale de spoliation des ressources. Mais paradoxalement, elle a aussi laissé un héritage technique non négligeable : les infrastructures et savoir-faire introduits à l’époque ont jeté les bases de l’industrie minière moderne du pays, encore en activité aujourd’hui.

Les derniers mots,

L’histoire des échanges culturels entre la France et le Vietnam est riche et complexe, marquée par une période coloniale difficile mais aussi par des héritages durables. Comme le souligne l’historien Dương Trung Quốc, il est essentiel d’aborder cette histoire avec objectivité, en reconnaissant les apports positifs que le Vietnam a su approprié pour enrichir sa propre culture.

Les traces françaises, visibles dans l’architecture, l’éducation, la gastronomie, la médecine ou encore la recherche scientifique, ne sont pas de simples vestiges du passé. Elles s’inscrivent dans la continuité d’un dialogue interculturel que le Vietnam a su intégrer et adapter, façonnent encore aujourd’hui la vie culturelle et sociale du pays.

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